Taxonomie verte 2025 : simplification et impacts pratiques pour les CGP
Un référentiel clé, enfin plus lisible
La taxonomie européenne reste l’un des piliers de la finance durable : elle définit ce qui peut être considéré comme une activité contribuant aux objectifs environnementaux de l’UE. Concrètement, elle mesure la “part verte” des activités d’une entreprise ou d’un fonds, afin de rendre visibles les contributions réelles à la transition écologique et de guider les choix d’investissement. Autrement dit, elle offre une grille commune pour comparer, objectiver et éviter le greenwashing (1). Contrairement au Label ISR ou Greenfin, il ne s’agit pas d’un label, mais d’un référentiel réglementaire qui alimente le SFDR et la CSRD. En clair, c’est le “langage commun” qui permet de vérifier si un produit financier est vraiment vert… ou s’il s’agit de simple marketing (1).
Problème : depuis son entrée en vigueur, ce cadre est souvent jugé complexe et trop lourd par les entreprises comme par les investisseurs. Pour y répondre, la Commission européenne a publié le 4 juillet 2025 un acte délégué dans le cadre du paquet “Omnibus”, destiné à en simplifier l’application (2)(3).
Les principales évolutions de l’été 2025
1. Un seuil de matérialité à 10 %
C’est la mesure la plus marquante : désormais, si une activité “éligible à la taxonomie” représente moins de 10 % du chiffre d’affaires, des CapEx ou des OpEx d’une entreprise, celle-ci peut en limiter l’évaluation et le reporting. La “matérialité” signifie : faire la différence entre l’essentiel et l’accessoire, en se concentrant sur les points qui ont un impact réel sur la durabilité de l’entreprise. Concrètement, cela évite d’analyser des activités mineures, sans effet significatif sur son profil durable (3).
2. Des reportings allégés et plus comparables
Le nombre de points de données à publier chute de 78 à 28 pour les entreprises non financières, soit une réduction de 64 %. Pour les institutions financières, la simplification est encore plus nette, avec près de 90 % de données en moins. Autre changement : les sous-templates spécifiques au gaz et au nucléaire disparaissent, les informations revenant dans les tableaux généraux (3). De quoi rendre les reportings plus lisibles et surtout plus comparables.
3. Critères DNSH (Do No Significant Harm) recentrés
DNSH = “ne pas causer de préjudice significatif” aux objectifs environnementaux de l’UE (article 17 du règlement Taxonomie). Jusqu’ici, les entreprises devaient vérifier toutes les substances chimiques classées selon le règlement CLP (Classification, Labelling & Packaging – règles européennes d’étiquetage et de prévention des risques). Désormais, le contrôle se concentre sur les substances figurant sur la “liste candidate” REACH, qui recense celles considérées comme extrêmement préoccupantes et susceptibles d’être restreintes. Cette évolution aboutit à un périmètre de vérification plus ciblé et plus opérationnel – un allègement bienvenu, notamment pour les sociétés industrielles ou les fonds investissant dans des secteurs complexes (4)(5)(6).
4. Un calendrier plus flexible
Ces nouvelles règles entreront en vigueur au 1ᵉʳ janvier 2026 et couvriront l’exercice 2025. Mais une option permet de ne les appliquer qu’à partir de l’exercice 2026, laissant ainsi une période de transition pour les acteurs concernés (2).
Ce que cela change pour vous, CGP
Ces évolutions ne sont pas qu’une simplification administrative : elles auront un impact direct dans vos échanges avec vos clients.
Plus de clarté en rendez-vous : au lieu de présenter des tableaux indigestes, vous disposerez d’indicateurs plus synthétiques sur la part “Taxonomie-alignée” d’un fonds. Un atout pour crédibiliser votre discours sans perdre vos clients dans le jargon.
Un message simple à transmettre : “la réglementation se concentre désormais sur ce qui est matériel, pas sur l’accessoire”. Le fameux seuil de 10 % deviendra un repère clé pour vulgariser la notion de matérialité auprès de vos clients.
Attention aux limites : la simplification ne signifie pas relâchement. Les principes fondateurs (contribution substantielle, DNSH, garanties sociales) restent en vigueur.
Intégrer la taxonomie dans votre pratique quotidienne
La taxonomie peut devenir un véritable atout en rendez-vous : c’est un outil concret pour montrer à vos clients ce que leur épargne finance réellement. Derrière les termes techniques, elle traduit une ambition simple : orienter les capitaux vers des activités qui contribuent positivement à l’environnement.
Les données publiées par les entreprises sont réglementées et auditées, mais le vocabulaire peut vite décourager : activités éligibles (celles couvertes par la taxonomie), alignement (celles qui respectent tous les critères), DNSH (ne pas causer de tort significatif)…
Formez-vous à ces notions avec nos formations isrselect, conçues pour démystifier la taxonomie, la SFDR et les labels à partir d’exemples de fonds réels et adaptés à vos classes d’actifs. Vous gagnerez en aisance pour en parler simplement à vos clients.
Appuyez-vous ensuite sur isrselect pour mettre ces connaissances en pratique : comparez les fonds selon leur conformité à la taxonomie, leurs critères ESG, leurs indicateurs de durabilité et leurs performances financières. Un moyen de transformer la réglementation en argumentaire client clair et différenciant.
Conclusion : un puzzle qui s’assemble
La réforme de la taxonomie verte n’est pas un simple ajustement technique : c’est un pas vers une finance durable plus lisible et pragmatique. Pour vous, CGP, c’est à la fois une exigence (adapter vos process) et une opportunité (gagner en clarté auprès de vos clients).
Mais la taxonomie n’est qu’un morceau du puzzle réglementaire. Prochain arrêt : un panorama des labels durables en France.
ISR, Greenfin, Finansol, CIES, ou encore le label Financement Participatif pour la Croissance Verte… chaque label a ses forces et ses limites. Dans notre prochaine analyse, nous vous aiderons à les comparer pour mieux les utiliser en rendez-vous et construire un discours clair et différenciant.
______
Sources :
(1) Banque de France, « La taxonomie verte européenne », avril 2025.
(2) Commission européenne, « Commission to cut EU taxonomy red tape for companies », 4 juillet 2025.
(3) KPMG, « New amendments simplify EU Taxonomy », 10 juillet 2025 (maj 28 août 2025).
(4) EY, « Impact d’Omnibus sur la taxonomie européenne », note technique, juillet 2025.
(5) ECHA, « Candidate List of substances of very high concern (SVHC) ».
(6) ECHA / Commission, « CLP (Classification, Labelling and Packaging) Regulation : principes de classification/étiquetage des substances dangereuses ».